Mon voisin de pallier de gauche est un fou. Mais je l'aime.
Le problème, c'est que je loue et j'achète trop de films. Et parfois, ma sacoche (aussi grande soit-elle) ne peut réussir à contenir tout ces merveilleux objets cinématographiques. La solution à ses débordements est merveilleuse: mon voisin de pallier.
Je n'ai aucune idée dans quoi il travaille, mais il porte fièrement le complet cravate tous le jours. Il doit avoir le même horaire depuis 30 ans, il entre et sort à la même heure tous les jours, et je suis persuadé que, de tout l'immeuble, ce soit le seul qui connaissent par coeur le jour des vidanges et du recyclage pour l'année au complet. Le dimanche, il se permet des folleries (imaginons-tous le pire), il ne passent pas sa porte avant 23h. Il est pas très, très vieux, pas très, très grand. Un homme dans la 40taine assez average. Donc, ouvrir la porte et voir cet homme dans le cadrage, j'étais surprise.
Post-it rose flash:
À écrire sur le calendrier: Aujourd'hui, il a fucker son horaire pour cogner à ma porte.
- Nevers.
Pas comme dans jamais avec deux s. Non, non. Nevers, dit à la française. Comme dans Nevers, ville de France. J'ai pas compris tout de suite. Pendant un quart de seconde, j'étais terrifié. Pas de l'homme, pas vraiment de pas comprendre non plus. Plutôt parce que je suis une scénariste catastrophe dans ma tête, et que j'ai eu peur qu'il ne décroche plus jamais de son horaire parce que la seule fois ou il l'a fait, j'ai pas trouvée quoi dire. Ça sonnait comme une grosse responsabilité. Mais tel un seul homme, un vrai, il est venu à la rescousse de mon mutisme ébaubie. Il m'a tendu "Hiroshima, Mon amour" (fort possiblement tombé dans l'entrée hier soir quand je suis sortie) avec ses deux mains, poliment et a sourit, un petit sourire. Habituellement pas assez pour plisser les yeux, mais là, c'est pas juste. Ah! Okay! Nevers! Ah ben oui hein! Hahaha!
-Hiroshima!
Ça n'a pas pris un quart de seconde pour me trouver ben ben niaiseuse. J'aimerais pas qu'on m'appelle "Référendum raté" (On a les déboires historiques qu'on a) alors il ne doit pas triper qu'on l'appelle "Une bombe américaine qui explose la face de plusieurs de tes compatriotes". Mais il a rit. Alors j'ai rie pour faire passer mon malaise. Faut croire qu'il a aimé le film. Ou que je ne suis plus ce que j'étais pour reconnaître les visages asiatiques et qu'il n'est pas Japonais. Je ne le lui demanderai jamais. J'aime pas qu'on dise que je suis Canadienne, alors je comprend qu'un Chinois n'aime pas être pris pour un Japonais. Vice Versa. Mais il n'est pas coréen. À moins que...
C'est devenu notre lien d'amitié de voisin. Avec mon horaire fouareux et souvent non-respecté, j'ai parfois la chance de croiser l'homme-fou-toujours-à-l'-heure dans le couloir. Le temps que je trouve mes clés dans cette gigantesque sacoche sans fond, j'entends Hiroshima appellé Nevers comme on dit Bonne Soirée à ses voisins normaux et je trouve que c'est plutôt drôle.
22/04/2009
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